Description du livre
  
                           
                          
              
                               
À un moment où  l’irrationalisme, le relativisme et l’historicisme radical sont devenus  obligatoires pour qui veut être un philosophe de notre époque, il est  réellement étonnant que le nom de Spengler n’apparaisse pour ainsi dire  jamais. Il est vrai que son cas révèle de façon un peu trop voyante  l’existence d’un nietzschéisme de droite (pour ne pas dire plus) : un  phénomène dont les interprètes français les plus réputés n’aiment  généralement pas beaucoup se souvenir. Le Nietzsche de Spengler fait  partie des possibilités et des suites que l’on préfère ignorer  hypocritement. De façon générale, l’intermède du IIIe Reich a rejeté  dans l’oubli un certain nombre d’antécédents hautement significatifs de  l’irrationalisme de la philosophie française contemporaine. On peut se  demander si ce n’est pas à ce fait qu’elle doit essentiellement sa  réputation d’innocence et de progressisme. Il y a des ancêtres qu’on  préfère, autant que possible, ne pas connaître. Mais le mieux est encore  de ne pas les avoir.
Depuis les années 1960, Jacques Bouveresse n’a cessé de confronter  nos modes philosophiques successives aux idées d’auteurs « peu  fréquentés » ou « mal famés » : Gottfried Benn, le poète  expressionniste ; Oswald Spengler, le penseur du Déclin de l’Occident ;  Karl Kraus, le satiriste ; mais aussi les philosophes de la tradition  autrichienne, notamment ceux du Cercle de Vienne ; et bien sûr Robert  Musil. Il n’y a pas seulement trouvé des armes dans son combat contre  les fausses valeurs du monde intellectuel. Il pose en les lisant une  question cruciale pour tout rationaliste : quelle part de vérité peut-on  reconnaître à l’irrationalisme ou au nietzschéisme sans risquer de  perdre l’essentiel ?
Professeur au Collège de France, Jacques Bouveresse a publié  de nombreux ouvrages de philosophie du langage et de la connaissance  mais aussi sur des écrivains comme Robert Musil et Karl Kraus. Il  est  aussi  l’un des principaux commentateurs français de  Ludwig  Wittgenstein.